Carnet de bord

Inukjuak

Damien, 20 avril 2004

Mardi, les camions ont repris leurs déplacements de routine. Pourtant, il n'y a que très peu de routes à Inukjuak: l'une allant à l'aéroport, une au réservoir d'eau , une à la décharge à ciel ouvert, l'autre à la fosse septique pas mal à ciel ouvert aussi... Loin du concept de recyclage, je me demande si la nature saura absorber encore longtemps les déchets de cette petite ville du nord.

Inukjuak computmanLe travail s'achève et le temps passe. Je dois déjà faire mes adieux à ceux que je viens de rencontrer. Je pars dans l'après-midi pour Puvirnituq. De passage au NV, certaines personnes me demandent mon appréciation sur la pêche d'hier. À première vue, je ne suis pas passé inaperçu!

Damien, 17 avril 2004

Allant de découvertes en découvertes, j'ai manifesté l'envie de participer à une pêche sur la glace...Comme par le plus grand des hasards, deux jours plus tard, je me fais inviter par Clément à un concours de pêche! Mais les concours de pêche ici, c'est du sérieux. Revêtu de mes plus chauds habits pour rester statique pendant des heures (enfin c'est l'idée que je m'en faisais), nous voilà partis.

Il fait soleil, il n'y a pas trop de vent, ça devrait être génial. Nous nous retrouvons tous en bas du village, un groupe très impressionnant de skidoo se rassemble avec un traîneau dans lequel je prends place... Bonjour la suspension! Je voyage en compagnie du matériel pour pêcher, que j'aurai l'occasion de découvrir un peu plus tard, tout en me demandant où peuvent bien se trouver les cannes à pêche... car je n'en vois pas, enfin celles dont j'ai l'habitude.

Inukjuak pecheLe coordonnateur fixe les règles: 3h de pêche, 10 personnes par équipe et le prix si on gagne. Les limites de pêche sont bien définies et relativement près du village car on n'a pas pu aller chercher de l'essence ce matin. Après le coup de sifflet, c'est parti: le skidoo à fond la caisse, nous arrivons au lieu de pêche. Vite nous sortons la foreuse à glace, en fait un moteur de tondeuse à gazon, qui entraîne une mèche de 15 cm de diamètre et 1 m 50 de long. Il faut être à deux pour tenir l'engin, et le remonter régulièrement, pour ne pas que la glace coince la mèche.

Inukjuak pecheLa technique n'est pas vraiment évidente, mais au bout du 15ième trou je vous promets, on maîtrise bien. Aujourd'hui la glace est plus épaisse que la longueur de la mèche, et il faut donc finir avec le « chessel » (long manche en bois au bout métallique qui permet de casser la glace au fond du trou). Par la suite, on utilisera une sorte de passoire pour enlever les morceaux de glace, qui remontent dans le trou et cela afin que l'on ait de meilleures sensations dans la ligne. D'après tout le monde, c'est très inhabituel d'avoir une aussi grande épaisseur de glace à cette période de l'année. Les gens ici ont remarqué d'autres phénomènes: l'hiver serait plus court. Le réchauffement de la planète serait-il la cause de tout cela? Nul ne le sait, mais ce n'est pas demain que l'on verra pousser des palmiers à Inukjuak, je vous rassure!!! Une fois cette étape physique terminée, la pêche peut commencer : avec une canne de 20 cm, un fil à plomb, un hameçon et bien entendu un morceau de sac plastique de la Coop comme appât!!! C'est ce qui marche le mieux me dit-on !!!

Inukjuak trouPassons maintenant à la technique elle-même. Assis, dos au vent, tel une statue de marbre, je tiens ma canne regardant mon trou dans une posture de quasi yoga. La seule chose qui bouge, c'est la main dans laquelle je tiens ma canne. Le mouvement de va et vient est continuel. Restant sceptique quant au pourquoi un poisson mordrait dans un sac plastique, j'essaie d'améliorer ma technique en prenant référence sur ma voisine d'un certaine âge, qui a visiblement de l'expérience, et qui acquiesce d'un grand sourire quand je lui demande la passoire pour enlever la glace tombée dans mon trou. Et finalement, incroyable, ça commence à mordre. L'un après l'autre, tout le monde sortira son poisson et pour les plus habiles deux. Wouhaou ça a marché. Les profondeurs de la mer nous réservant aussi des surprises quant aux poissons bizarres que nous venons d'attraper. L'un semble tout particulièrement sorti tout droit de l'âge préhistorique avec ses cornes.

Le concours fini, nous avons perdu avec nos 19 poissons contre une autre équipe qui en a pêché 30. Ce n'est pas grave, au moins nous savons ce que nous allons manger ce soir, et moi j'ai appris plein de trucs.

Damien, 12 avril 2004

La semaine commence pour certains, elle continue pour nous. Le groupe de Avataq est très content de pouvoir aller sur Internet. Après quelques configurations supplémentaires, nous allons les laisser pendant quelques jours avec leurs nouveaux outils dans les mains. Ce ne sont pas des novices: pour la plupart, ils ont déjà Internet chez eux, mais beaucoup plus lent évidemment. D'autres groupes nous attendent pour être branché, mais auparavant, nous devons aller revoir le maire, Andy Moorhouse , pour avoir son approbation. Car, mis à part le réseau informatique dans lequel nous baignons à longueur de journée, et ou nous sommes les rois, le réseau humain de ce village reste très complexe et plein d'embûches potentielles, avec lesquelles nous saurons jongler, dans un équilibre très précaire.

Inukjuak festinFinalement, nous équiperons le garage municipal avec Internet; comme quoi, la technologie de pointe s'installe partout. Puis, nous faisons la rencontre de Sarah Ruptash qui est la directrice du Daycare de Inukjuak. Elle est ravie quant à la rapidité de son nouvel ordinateur, et pour la formation qu'elle recevra.

 
 

Inukjuak festinNous ne voyons pas encore le bout du tunnel et nous travaillons dur. De temps à autre, nous prenons quelques instants pour admirer le coucher de soleil, dont on ne peut se lasser. Les jours passent et finalement, nous nous retrouvons pour le week-end de Pâques à Inukjuak. Cette petite ville attend 300 personnes supplémentaires de la région, pour passer cet événement religieux ici. Je me rends compte que les citoyens de Inukjuak sont très croyants. La fréquentation des messes nous permet de rencontrer d'autres amis d'Andrew. Il s'avère être interdit de travailler les jours saints...ce qui nous a permis de prendre un petit break bien mérité... et de pouvoir immortaliser quelques jeux d'ombre dans un superbe coucher de soleil.

De passage au « recreation center », nous avons pu nous immiscer dans le grand repas traditionnel qui se tient à Pâques, et déguster du « Artic Char » et du caribou cru gelé. J'ai pu voir aussi, la façon très spéciale, de se servir d'un ulu (qui est une sorte de couteau pour couper la viande gelée). Plusieurs personnes étaient habillées en habits traditionnels, un vêtement en général de couleur unie, décoré par de très fines broderies. De nombreuses femmes portent leur enfant dans le dos, maintenu par un habit très particulier avec une hotte qui couvre les deux en même temps. Je me demande comment cet habit est cousu. Encore un mystère que j'espère bien élucider avant la fin de mon voyage.

Damien, 10 avril 2004

Mais le week-end s'en vient déjà. Il nous faut mettre les bouchées doubles si l'on veut finir la phase de câblage d'Avataq. Les clefs sont récupérées, et notre présentation est faite auprès de Nancy Palliser qui est ravie de nous voir, afin que nous leur installions le top 10 de la communication Internet. Cette phase terminée, irrésistiblement attirés par le fabuleux soleil dehors, nous décidons Andrew et moi de louer un skidoo pour l'après midi afin d'aller voir la mer.

Inukjuak skidooA vrai dire, les skidoos et moi, c'est une grande première, et c'est grandiose de pouvoir commencer ici. Dès les premiers instants, j'ai compris que pour partir en skidoo, il faut être bien couvert, de la tête aux pieds, et que le moindre petit bout qui dépasse gèle.

Dans un second temps, j'ai compris aussi pourquoi la suspension et le siège sont aussi confortables!!! La partie de mer gelée entre le village et les îles nous laisse croire que c'est totalement plat, mais loin de là! Le vent et la neige ont sculptés cette surface en de très originales formes, qui parfois nous réservent des surprises.

Nous nous arrêtons de temps à autre, pour dégeler un peu et prendre des photos quand mon appareil veut bien dégeler lui aussi...Un skidoo ça passe partout, je le confirme. Nous sommes allés au plus haut point que nous pouvions atteindre; une vue magnifique nous attendait: d'un côté, la mer gelée à perte de vue, de l'autre, au loin, Inukjuak. Au beau milieu de l'immensité de la glace nous voyons deux personnes, qui sans doute pêchent. On se demande comment elles sont arrivées jusque là!

Inukjuak glaconsLe temps de souffler un peu, et le froid en profite pour gagner du terrain. Je sens le bout de mes doigts geler doucement. Il est temps de repartir, de ce point de vue. Nous décidons de notre prochain objectif: de petites falaises qui semblent très intéressantes. Nous les approcherons par le bas. L'été, ça doit être impressionnant de les voir tomber dans l'eau directement. Nous nous sentons privilégiés de pouvoir y accéder par le bas sur l'eau gelée. Il fait moins froid sur le skidoo; nous avons le vent de dos. Mais il semble que le vent commence à forcir. Notre prochain objectif sera le sommet d'une montagne à l'extrême est du village. Nous avons fini à pied, presque à quatre pattes, tellement le vent a transformé la neige en glace sur les pierres. Mais je reste impressionné par ce que l'on peut faire avec ce genre d'engin: bravo au pilote!

Au sommet, là encore, mère nature nous réjouit d'un merveilleux paysage. En regardant à nos pieds, nous découvrons quelques herbes qui semblent figées pour l'éternité dans la glace. Après avoir rangé nos appareils photos, nous décidons de redescendre vers Inukjuak. Notre balade est finie, mais cela nous aura fait beaucoup de bien: c'était indispensable pour aérer les neurones!

Damien, 8 avril 2004

Le hublot trop sale pour voir le pourtour de la ville, nous atterrissons à l'aéroport de Inukjuak. Il semble plus grand que le précédent. Les gens sont aussi plus pressés. Nous attendons nos nombreux bagages et nos cartons... Nous sommes vraiment chargés comme des chameaux cette fois-ci.

Inukjuak villageAprès quelques coups de téléphone, c'est Annie du KRG qui viendra nous chercher. Elle est très chaleureuse et on sent tout de suite que nous pouvons compter sur elle. La voiture roule et, au détour d'un virage, nous découvrons la communauté de Inukjuak. C'est une ville assez grande, plantée à l'intersection d'une rivière et de la mer. Mais on ne la voit pas car elle est cachée par des îles qui sont, ma foi, assez impressionnantes. Notre curiosité nous donnera sans doute le goût d'aller y faire un tour, si le temps le permet.

L'hôtel est perché en haut du village; de tous côtés, nous avons une vue dominante. La chambre aussi est très luxueuse par rapport à ce que nous avons connu, mais ce n'est pas le plus beau. Le plus merveilleux, c'est qu'elle est orientée vers l'est. Ainsi, le matin, quel bonheur de se faire réveiller par un rayon de soleil vers 6h! ... au lieu du bruit nasillard de son réveil matin.

Mais retour au travail! Nous faisons la connaissance de toute l'équipe du KRG qui nous accueille à bras ouverts. On sent bien que Antoine nous a préparé le terrain ;) Ce sera notre quartier général pour Inukjuak.

Inukjuak FormationNous faisons également la connaissance de Clément, une nouvelle recrue d'Antoine qui sera notre personne ressource ici. Notre mission est aussi de le former aux us et coutumes de Soleica avec un brin de technique en plus.

Après un petit tour de ville, afin de repérer les différentes institutions où nous aurons à travailler, nous faisons un petit bilan. Cette ville me semble bien complexe, il nous faudra du temps avant de tout comprendre.

Antoine, 28 mars 2004

Arrivé depuis jeudi, je n'ai guère eu le temps de flâner tant la liste des tâches à faire ici était conséquente. Après les retrouvailles habituelles, j'ai couru d'un bâtiment à l'autre pour inventorier le travail à faire. Au bureau municipal, je retrouvais Elisapee Williams que je n'avais pas revu depuis qu'elle travaillait avec nous à Kuujjuaq pour le KMHB. Andy Moorhouse, maire de Inukjuak, me donnait également les instructions relatives aux nouveaux sites à brancher.

Inukjuak en hiver ILa première des tâches que Luc m'avait assignées consistait à remplacer un routeur dans la station terrestre satellitaire que nous partageons avec CBC North proche de notre coupole. A la nuit tombée et dès le jeudi soir de mon arrivée je décidais de m'y aventurer pour finaliser cette étape le plus tôt possible. Après quelques chutes dans la poudreuse qui s'était accumulée dans la côte pour y accéder, je finissais par me retrouver devant la porte du chalet ultra sécurisé de CBC. On m'avait bien prévenu que le cadenas était difficile à ouvrir mais je ne pensais pas que la tâche serait si ardue. Mélangé dans les clefs, fatigué et la faim au ventre, je me suis énervé avec ce cadenas jusqu'à casser la clef dedans. Le site de chiens adjacent, la lune et le vent violent qui soufflait la neige donnaient ensemble une teinte assez triste à toute cette scène. Rageur et totalement déprimé j'ai pris le chemin de l'hôtel où je me suis couché sans demander mon reste.

Inukjuak en hiver, satellitesDès le lendemain, frais et dispos, j'avais décidé que le redoutable cadenas ne me résisterait pas une heure de plus. Aidé de l'un des employés de la maintenance, je finissais par rentrer dans le local. Quelques heures plus tard, Luc et moi réalisions que le plan d'action qui consistait à remplacer le routeur ne pourrait fonctionner... Vendredi soir, plus découragé que la veille à la même heure je décidais de revoir mon itinéraire entièrement.

Levé tôt, par une journée superbement ensoleillée, je me suis alors attelé à la tâche d'installer mes deux nouveaux sites (Avataq et le Garage municipal) dans la même journée. Et le soir, l'objectif atteint, harassé mais content je retrouvais le sourire et le planning initial. Au cours de la même journée, je rencontrais Clément Rousseau, informaticien à ses heures perdues, que je nommais d'office notre agent local, pour aider Damien et Andrew lors de leur arrivée prochaine mais aussi pour nous assurer une couverture locale en cas de problème dans le village, l'un des plus gros du Nunavik.

Inukjuak en hiver, satellites 2Aujourd'hui, dans la tempête, la malchance est revenue puisque la station terrestre est tombée inactive pendant la majeure partie de la journée. Après des heures de recherche, avec un escabeau perché dans l'antenne et dans le blizzard, en vérifiant tous les connecteurs, le site est reparti vers 4 heures ce soir, sans véritablement savoir pourquoi.

Demain, départ probable pour Kuujjuaq, si le temps et la chance le permettront. En effet, l'avion du jour est resté bloqué ici et l'hôtel est complètement bondé de passagers bloqués par le mauvais temps. Pas de chance pour eux, cela fait depuis vendredi que nous n'avons plus d'eau...

Éric, 5. déc. 2003

Après la pluie vient le beau temps. C'est du moins ce que dit le proverbe. Si j'en juge par le temps qu'il fait depuis 2 jours, seuls les proverbes peuvent avoir raison des caprices de Mère Nature, que même les plus grands experts es météorologie ont beaucoup de peine à anticiper... Toute ressemblance avec des erreurs de prévisions existant ou ayant existé n'est que pure coïncidence.

C'est donc sous l'égide d'une nette amélioration climatique que nous avons poursuivi en parallèle la mise en place des systèmes d'information du NV et du KRPF. Notre prestation au NV de la semaine passée semble être plus qu'appréciée : les comptes de courriel mis en place, assortis d'une formation sur mesures, ravissent les utilisateurs. A tel point que nous avons dû créer 3 nouveaux comptes cette semaine (Johnny Williams, Lisa Nulukie et Kimberly Weetaluktuk). Chaque formation est un instant privilégié durant lequel "l'enseignant" a l'opportunité de mieux connaître "l'élève". Vous noterez les guillemets d'usage.

Cela pourra surprendre, mais je reste convaincu qu'un formateur doit avant tout écouter. Avant même de parler. Toutes choses égales par ailleurs, une séance de formation est quasiment une opération chirurgicale : on doit écouter le "patient", connaître son vécu et sa situation actuelle, comprendre ses attentes, procéder à une intervention très ciblée, point par point, et ne le laisser partir qu'après s'être assuré que l'opération a réussi. Nous avons le plaisir de vous annoncer que les patients de cette semaine se portent très bien : Andy Moorhouse, Caroline Naktialuk, Johnny Naktialuk, Charlie Kowcharlie, Annie Naluktuk, Lisa Nulukie, Kimberly Weetaluktuk et Davidee Inukpuk.

Nous en profitons également pour répondre à des besoins spécifiques : l'un souhaite pouvoir éditer ses documents sur telle imprimante, l'autre voudra connecter l'appareil photo à son ordinateur pour promouvoir son département, alors qu'un troisième souhaite connaître la formule magique sous Excel pour faire un tableau comme-ci, puis comme-ça, et avec le total là, en bas à droite. Et puis j'ai fait ma B.A. de la semaine en remplaçant le clavier très usagé de Charlie. Ce dernier est en charge de la traduction de nombreux documents, et il me semblait important qu'il disposât d'un clavier irréprochable. C'est chose faite.

L'ami Ryan a fait un travail excellent de réinstallation d'une machine XP qui faisait des siennes depuis un certain temps (voire un temps certain). Quant au KRPF, nous avons fort logiquement commencé par passer un câble depuis le routeur sans fil jusqu'au routeur local. Les plafonds à dalle amovibles sont très appréciables ! En effet, ils permettent de passer des câbles au dessus dudit plafond. Mais il arrive que, dans certaines pièces, les dalles ne soient pas amovibles. Et parfois, il n'y a pas de dalle du tout... Dans ce cas, l'on contourne non seulement le problème mais également le plafond en passant par en dessous, dans la pièce récalcitrante, puis en rejoignant le dessus du plafond de la pièce suivante. Une maille à l'envers, une maille à l'endroit... C'est vraiment du sur-mesures !

Éric, 30 nov. 2003

Blizzard, blizzard... Vous avez dit "blizzard" ? C'est dans un climat plutôt venteux que se poursuit notre passage à Inukjuak. Eole fait des siennes, et il est fascinant de voir cette divinité grecque encore en activité, et si loin de sa région natale ! Il souffle le chaud et le froid sur le village, au sens propre du terme. L'amplitude thermique atteint facilement 20 degrés, entre les jours les plus chauds et les plus froids. Quoiqu'il en soit, ces phénomènes météorologiques font partie de notre quotidien, et notre moral en dépend de moins en moins.

Minnie et Tillikasak, les sympathiques collaborateurs de l'OMHK d'Inukjuak, disposent maintenant d'une connexion Internet au réseau KRG. Leur formation aux applications Internet s'est déroulée dans une ambiance aussi chaleureuse qu'efficace. Il est impressionnant de constater que, tout en parlant de culture Inuit (tel les techniques de pèche au trou ou le passage des renards arctiques), nous mettons à leur disposition des technologies leur permettant d'expédier un message à Kuujjuaq (ou en Patagonie septentrionale) en moins de 2 (minutes). Nous sommes là en plein échange culturel.

L'installation du site NV se déroule selon nos prévisions. C'est une organisation de bonne taille, et le basculement de leur réseau actuel vers le réseau KRG demande un certain nombre de précautions. Afin de ne pas perturber les utilisateurs, nous avons travaillé d'arrache-pied toute la fin de semaine. En effet, d'une part, il est techniquement délicat de basculer les utilisateurs un par un, et d'autre part, il est financièrement plus judicieux de regrouper des opérations répétitives. Dont acte. Le basculement complet a eu lieu comme prévu. Notre planning de fin de semaine était donc aussi réaliste que réalisable. L'ami Ryan et moi ayant été prudents, nous avions anticipé quelques problèmes (qui se sont bien sûr produits). Mais, comme l'on dit par ici : "Autant en emporte le vent"...

Antoine, 25 nov. 2003

Le climat du Nunavik est toujours le plus fort et c'est encore lui qui définit les horaires dans ces régions froides.

L'avion, seul moyen de transport possible pour rejoindre Inukjuak depuis Kuujjuaq, aura été retardé de 3 jours suite à une météo capricieuse sur la côte Hudson. Richard Oaxley, un pilote très expérimenté de la compagnie aérienne Air Atai, nous a finalement embarqué à bord du petit avion Navaho de 6 places le lundi matin à 9 heures.

Rempli à ras bord par notre outillage et notre matériel, nous devions au départ passer prendre Tim (SSI micro) à Umiujaq pour le déposer à Puvirnituq. Cependant, en arrivant à hauteur de Umiujaq, Richard nous a informé que des vents travers de 50 kmh ne lui permettait pas d'atterrir. En effet, on pouvait voir assez distinctement le vent balayer des nuages de poudrerie vers la mer qui semblait déchaînée. Le spectacle était de toute beauté. Je me posais alors la question de savoir ce qu'il en serait d'Inukjuak. Allions-nous devoir rebrousser chemin ou bien faire escale un peu plus au nord vers Puvirnituq ? Avec la chance et une bonne météo, l'avion se posait finalement à Inukjuak vers 12h30

Richard, pressé par un horaire assez lourd, repartait aussitôt en oubliant de prendre Jean-François (KRG) à bord. Je décidai de courir sur la piste en criant et en sautant dans les airs pour le faire arrêter. Après une bonne petite colère à la Haddock, ou devrais-je dire à la Duane, Richard stoppait ses moteurs pour embarquer JF en rouspétant.

Le soleil après la tempête Le travail pouvait alors commencer dans la communauté assez étendue d'Inukjuak. J'ai été immédiatement frappé par la grandeur du village que je n'avais pas revu depuis deux ans. Nous avons pu connecter la bâtisse de KRG E&T assez rapidement grâce à la connaissance de terrain de Ryan qui vient ici assez régulièrement. Nous y avons d'ailleurs été très chaleureusement accueilli. De retour vers l'auberge, le vent qui soufflait avec violence nous laissait augurer un blizzard en perspective pour la nuit.

La journée de mardi nous a permis de brancher le NV au réseau Internet de KRG ainsi que la mise en place du KMHB, situé dans le bureau municipal. Nous avons également visité chacun des sites du village dont les ordinateurs devront être branchés. La quantité de travail me semble très importante, sans doute plus de 2 semaines de travail nous seront nécessaires.

 

Page 3 sur 17