Ivujivik est un petit village situé à l'extrême pointe nordique du Québec. C'est en quelque sorte la zone habitée la plus au Nord du Québec, dans un endroit tranquille à flanc de collines rocheuses escarpées. Comme je m'y attendais en descendant de l'avion, le temps y était bien plus frais encore qu'à Akulivik où j'avais laissé Camille, Jean-François et Saima un peu plus tôt dans la journée.
A peine dépassée la première courbe de la route vers le village qu'une vue plongeante sur la baie vous laisse dans une impression de bout du monde. L'immensité gelée, les rocs poudrées par la neige du matin, les goélands qui crient dans le ciel, le froid vif et saisissant, autant de détails qui m'ont attiré au premier coup d'oil jeté sur le site.
Malheureusement, le travail ici allait s'avérer bien moins passionnant. Je passais deux jours à m'escrimer avec des équipements satellitaires défectueux pour finir par lâcher prise et m'avouer l'impensable, c'est à dire la coupure totale au réseau Internet pour moi pour une durée minimum de 3 jours ! D'autres sont morts pour moins que cela...
En marchant dans le village, je remarquais un nombre important de peaux d'ours polaire mises à sécher au soleil, lequel avait bien du mal à percer une épaisse couche de nuages grisâtres. Cela me rappelait cette anecdote de Camille selon laquelle une femme Inuit d'Akulivik avait rencontré un ours polaire en descendant les marches de l'aéroport.
Dimanche soir, en me levant pour aller remplir ma tasse de tisane, je vis par la fenêtre de l'hôtel qui donne directement sur la baie un superbe spectacle. Le soleil s'était levé et dissipait la brume dans un décor de montagnes, de rocs, de banquises. J'enfilais mes habits à la hâte et fonçais vers le bout de la presqu'île avec mon appareil photo bien en main. En courant sur la banquise et les roches, je regardais souvent autour de moi avec la peur de tomber sur un ours polaire qui aurait pu singulièrement gâcher une si belle sortie.
Fasciné par ce décor, dans le soleil couchant sur une banquise qui craque sous la pression de la marée, j'ai pris une centaine de photos avec la conscience qu'une telle chance ne se reproduirait pas si souvent.
Lorsque le soleil a fini par se cacher à l'horizon, il était plus de 11 heures. Il était grand temps d'aller me coucher.